mardi 3 mars 2015

Peter Kernel : kaléidoscope stroboscopique

A la maison, j’ai un vieux PC portable Ordissimo, vous savez les ordinateurs pour les « seniors » avec un menu unique, des pictogrammes gros comme des oranges et un clavier simplifié. Je l’aime bien ce vieux PC, parce qu’il a un écran large et qu’il me sert uniquement pour aller sur Internet… Quand il s’allume un message s’affiche et me dit officiellement : « booting the kernel ». Là, on ne bouge pas. C’est un instant solennel. Après, le logo Ordissimo apparaît et puis il y a onze petits cercles alignés qui se remplissent un par un et encore après on peut surfer sur le Web en cliquant sur le très large pictogramme qu’aucune personne de plus de 50 ans ne saurait confondre avec un autre. Ça fait « pro », booting the kernel, c’est un peu mystérieux, et cela veut dire « démarrer le noyau ». Le noyau de quoi ? De la centrale nucléaire de Fessenheim ? Des atomes de silicium du processeur ? Tant de questions sans réponses…
Bref, cela me rappelait aussi depuis quelques jours que je traînais pour écrire une chronique sur l’album de Peter Kernel intitulé « Thrill Addict ». Je lis à leur sujet : « Aris Bassetti (guitare, voix, graphic designer), Barbara Lehnhoff (guitare-basse, voix, filmmaker) forment Peter Kernel, un groupe art-punk d’origines suisse, italienne et canadienne ».  Hop la ! Tabernak ! Madonna ! Pas des gens du type banal.
J’ai écouté cet album au moins 4 fois, car il n’est pas d’un accès immédiat, et souhaitais vous faire partager mon expérience musicale « arty ». Booting my kernel. Déconcertante et polyphonique voilà leur manière de composer des morceaux un peu noise, assez pop, typés post-rock et pas violents, variés, chantés à une ou plusieurs voix (falsetto, enfant, rêveuse, …). Un évident côté parfois dissonant (un poil Pixies sans l’acidité ? un doigt B-52’s sans le côté sucré ?) donne du piment à ces chansons-comptines, faites par des lutins mutins pour de sorcières tombées de leur balai un soir de grand vent. Foutraque et désordonné, leur album s’écoute avec plaisir en fait, car il alterne le chaud et le froid, le grave et l’aigu, le bon et le bien. Ces chansons sont bigrement difficiles à définir et classifier mais sont attachantes. J’avoue que ce que je viens d’écrire n’est pas forcément clair, mais je veux ici témoigner d’une agréable sensation auditive car leurs œuvres semblent le fruit d’un travail poussé et cela se sent. Ils ont dans la tête des choses qui tournent pas rond, des bidules et des obsessions : voilà qui est diablement intéressant !
Bootez vous le kernel, écoutez Thrill Addict !


Jérôme “I kinda like it” V. 



Ordissimo maximo !