mercredi 9 septembre 2015

Kyrie Kristmanson : réjouissez-vous de découvrir une artiste pas comme les autres

Je vais vous parler ici et maintenant de Kyrie Kristmanson & Quatuor Voce, l’album Modern Ruin.
En préambule, je tiens à vous préciser que mon activité de chroniqueur musical m’amène à écouter beaucoup de (belles) choses mais aussi de sortir de ma « zone de confort ». Si je me laissais aller, vous auriez des Joy Division tributes toutes les semaines et des pages entières sur le punk, le reggae qui fume et le rock and roll qui emballe en Cadillac, sans compter des tirades infinies sur la TR-808. 
Mais Songazine a du cœur, de l’estomac et se lance chaque jour sur les mers enviables et désirées de la découverte. Le monde est vaste, cestui –là s‘en fut le parcourir. 
Côté musique vraiment « différente », voici donc le nouvel album de la canadienne Kyrie K. Pas de riffs ni de larsen, pas de rythmique échevelée mais une voix angélique accompagnée d’un quatuor à cordes. Ambiance étrange, chants mystérieux, harmonies fines, sons baroques… voilà qui surprend votre serviteur (NB : son épouse tend l’oreille et se dit conquise par ces chants éthérés surgissant de son ordinateur vespéral)



Mais, suivez bien ! 
La démarche de cette chanteuse est remarquable, car elle s’est lancée sur les traces des femmes-troubadours des XII éme et XIII ème siècles, allant explorer les ruines de châteaux-forteresses des temps jadis et chevaleresques de notre belle Terre de France. Icelles vécurent lors avec force noblesse et honorèrent notre royaume de leurs chants.
Avec l’aide de pointures musicales, le Quatuor Voce, notre artiste a donc fait ressortir du passé sa vision d’une geste unique et spécifique. Les « trobairitz » ont laissé peu de traces et elle a dû extrapoler pour créer des œuvres dans leur esprit, désormais évanoui et insaisissable. En ressort, in hoc anno 2015, un parfum fantasque et fantastique, rallumant le flambeau brillant de ces premières femmes qui créèrent un répertoire musical original en Occident, qui avait trait à l’amour profane. 
Mais au-delà de cet aspect émouvant, du travail humble et délicat consistant à fouiller des ruines, Kyrie Kristmanson a fait naître de belles chansons intemporelles. Oyez, lecteurs et internautes !   
L’humble chroniqueur est touché, il réécoute les chansons aériennes et graciles et s’en trouve transporté et conquis. Gentes dames, hardis écuyers, vous les manants infâmes comme gentils seigneurs, ribaudes et marchands, prélats et clercs : oyez Kyrie, oyez la compagnie des trobairitz qui passe et vous esbaudit !


Jérôme « le preux » V.